Cet exemple permet en outre de mettre l'accent sur le comportement des électeurs en fonction du mode de scrutin qu'on leur propose : les centristes du FDP et les écologistes ont ainsi beaucoup plus de secondes voix que de votes de circonscription. Mais ce succès fut de courte durée. Plus tard, au XVIIIe siècle, le sujet de la répartition a commencé à être étudié. Edward John Nanson a ainsi combiné le nouveau vote alternatif à la méthode Borda dans le but de concevoir une nouvelle méthode de Condorcet appelée « méthode de Nanson ». Il faut attendre les deux ministres de la reine Victoria, Gladstone puis Disraëli et les grandes réformes de 1832, 1867 et 1885 pour que soit mis fin aux abus les plus criants du système électoral britannique dénoncés par Hogarth et ses contemporains, tout au long de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il a également été employé dans quelques circonscriptions législatives au Sri Lanka de 1946 à 1977, pour permettre à quelques populations minoritaires localisées en des endroits bien précis du territoire d'être représentées au parlement, le scrutin majoritaire uninominal à un tour les privant systématiquement de toute représentation[44]. Le tableau suivant permet d'y voir plus clair : En passant de la première à la seconde colonne, on est dans une logique majoritaire, mais la proportionnalité augmente au fur et à mesure que la magnitude diminue. 33Les enjeux et les slogans sont aussi authentiques. Il permet à des partis alliés de se présenter séparément devant les électeurs, mais sans affaiblir leurs chances de coalition, comme c'est le cas en Australie avec les deux partis de droite (Parti libéral et Parti national). Si au contraire on répartit 8 sièges entre les différentes listes avec la méthode d'Hondt de la plus forte moyenne, A obtiendra quatre sièges, B trois, C un et D aucun. Au-delà des problèmes de justice de la représentation électorale et des préoccupations liées à la stabilité gouvernementale, on constate souvent que les défenseurs de la représentation proportionnelle d'une part, des scrutins majoritaires d'autre part, ont deux conceptions bien différentes de la vie politique[116]. Plusieurs pays abandonnèrent alors les systèmes majoritaires en faveur de formules proportionnelles. Elle est utilisée en Norvège, en Suède et au Danemark. jusqu'à 0 point chaque fois qu'il apparaît en dernière position. Les magistrats étaient alors tirés au sort parmi les habitants bénéficiant du statut de citoyen (soit une minorité élitiste de la population) : l'arbitraire était la règle et il n'était donc pas nécessaire de faire voter un quelconque corps électoral. “I do not place this right upon the inhabitants, but upon the Free-holders […] the proper owners of the country.”. C'est donc soit la nature des résultats d'une élection au scrutin majoritaire qui garantit l'intervention d'un correctif proportionnel, soit celle d'une élection à la représentation proportionnelle qui garantit l'intervention de la règle de la majorité[87]. 32Les contemporains de Hogarth ne pouvaient s’y tromper. Par exemple, le scrutin majoritaire uninominal à un tour correspond souvent à des systèmes bipartisans, tandis que les systèmes majoritaires à préférences multiples ordonnées ou à deux tours font intervenir le jeu des alliances entre les partis, correspondant donc plutôt à des systèmes bipolarisés. En dépit de sa complexité, ce système a certaines propriétés intéressantes, en veillant à ce que le gagnant reflète les opinions de la majorité et celles des factions minoritaires[95]. L'importance que revêt cet aspect du vote dans un système politique justifie que de nombreux théoriciens se soient penchés sur les modes de scrutin, leurs effets et leur fonctionnement. 2 Common Sense, 15 avril 1738, 6 octobre 1739, 10 janvier 1741. Leurs découvertes peuvent ou non avoir été indépendantes l’une de l’autre. L'analyse des résultats détaillés des différentes élections fédérales permet de prendre pleinement acte des différences fondamentales opposant le système majoritaire au système proportionnel. L'électeur disposait d'autant de voix qu'il y avait de sièges à pourvoir dans son département. Chaque électeur doit classer par ordre de préférence les candidats de sa circonscription : les candidats élus sont ceux ayant atteint le quotient sur la base des premières préférences. Le vote unique non transférable, proposé par Condorcet en 1793 à la Convention pour l'élection des jurés, est un système qui s'inspire du vote limité, mais ici l'électeur ne dispose que d'une seule voix quel que soit le nombre de sièges à pourvoir dans sa circonscription. La méthode de Sainte-Laguë de la plus forte moyenne, proposée en 1910 par le mathématicien français André Sainte-Laguë, fonctionne exactement de la même manière que la méthode d'Hondt, à ceci près qu'elle prend comme série de diviseurs 1, 3, 5, 7, etc. Mais les critiques à l’égard de ce mode de scrutin ont tout de même perduré. Avec ce système, plus le nombre de circonscriptions est limité, plus la déformation entre voix et sièges est importante. Dans ce cas l'électeur soumet un classement de tous les candidats. L'Équateur utilise au contraire un système mixte à dominante proportionnelle : les élections se déroulent exactement de la même manière qu'au Japon, mais les élus à la RP sont plus nombreux que ceux au scrutin majoritaire. Le ou les sièges restants sont par la suite affectés, par ordre décroissant, aux listes disposant des plus grandes différences entre le nombre total de leurs voix et le produit de la multiplication des sièges qu'elles ont gagnés, autrement dit : V - (S×Q). Ils sont généralement critiqués pour leur complexité. Ainsi, en 1812, Elbridge Gerry, gouverneur du Massachusetts, avait-il découpé les circonscriptions de son État afin d’assurer une victoire aussi large que possible à ses partisans pourtant moins nombreux que ses adversaires. Les résultats des élections générales suédoises de 2006 et des élections législatives danoises de 2007 permettent de mesurer l'ampleur de la proportionnalité de ces systèmes. Cette technique purement politicienne, baptisée depuis lors « gerrymandering », fait l’objet d’une vigoureuse et quasi unanime dénonciation. L'actuel mode de scrutin taïwanais fonctionne exactement de la même manière, mais permet au contraire une forte proportionnalité globale : 125 députés sont élus au vote unique dans le cadre de circonscriptions à plusieurs sièges (ce qui renforce l'aspect proportionnalisant du vote unique), et 36 autres sièges sont attribués au niveau national à la RP entre les partis ayant atteint un seuil de 5 % des suffrages exprimés[86].